Le chant grégorien

Le chant grégorien est le chant liturgique officiel par excellence de l'Église catholique. C’est un chant sacré. Il est destiné à soutenir le texte liturgique en latin. Sa composition variait afin de s’adapter aux niveaux de connaissance musicale du soliste, de la schola cantorum, des célébrants et des fidèles.

« Le chant grégorien est une musique vocale, essentiellement liée à un texte. C'est le texte qui est premier ; la mélodie a pour but de l'orner, de l'interpréter, d'en faciliter l'assimilation. Car ce chant est un acte liturgique, une prière et une louange à Dieu. Ses mots sont sacrés : ils sont extraits presque tous de la Bible et très spécialement du Psautier. À part quelques rares exceptions grecques et orientales, la langue est latine.» Dom Eugène Cardine, Vue d'ensemble sur le chant grégorien

La tradition voulait que le nom de chant grégorien soit rattaché au pape Grégoire le Grand († 604). Saint Grégoire aurait été compositeur de ce chant et fondateur de la schola grégorienne.

Il est assez probable que cette légende fut née d'après la politique de Charlemagne, inspirée par la lettre d'Adrien Ier. Car vers 800, un poème Gregorius præsul (Évêque Grégoire) apparut dans un certain nombre de manuscrits des livres de chant, jamais à Rome, mais dans les territoires de l'empire carolingien. «L'évêque [de Rome] Grégoire digne par le nom comme par les mérites s'éleva à l'honneur suprême. Il rénova les monuments des anciens pères et composa ce petit livre d'art musical en faveur de la schola des chantres pour l'année liturgique.»

Si l'auteur demeure anonyme, l'objectif était évident: ce livre est celui de la messe authentique de Rome, texte composé par le bienheureux Grégoire le Grand.

La plupart des chants grégoriens authentiques furent en fait composés sous l’influence de la Renaissance carolingienne

Lors de sa composition, le chant grégorien n'était autre que le chant ecclésiastique du royaume carolingien. Mais de plus en plus, ce premier sommet de la musique sacrée occidentale conquit toute l'Europe. Charlemagne commença en 785, et pour la première fois dans l'histoire européenne, une véritable centralisation de la liturgie selon le rite romain. Avec l'Admonitio generalis ordonné en 789, l'usage du chant romain, enfin grégorien, était obligatoire dans tout le royaume. Le chant grégorien connut son immense raffinement grâce à la Renaissance carolingienne au sein des monastères. Ces derniers ont pu conserver aisément cet héritage durant tout le Moyen Âge, même si certains tel saint Bernard de Clairvaux effectuèrent tardivement un peu d'optimisation selon la théorie musicale contemporaine, mais sans modification majeure.

Entre les IXe et XIe siècles, la plupart des autres chants liturgiques disparurent.

L’orgue, comme instrument de musique liturgique par excellence, fait progressivement son entrée dans la chrétienté occidentale : dans les cloîtres d’abord (comme « guide-chant ») au XIe siècle, puis au XIIe siècle dans les églises. Au XIIIe siècle, les grandes églises européennes rivalisent entre elles : elles agrandissent leurs instruments ou en construisent de nouveaux. L’orgue est définitivement reconnu par le monde religieux

Ainsi au XIIe siècle, le chant grégorien était omniprésent en Europe. Le dernier qui résistait n'était autre que le chant vieux-romain, chant papal. Finalement, c'est Innocent III qui décida et ordonna, au début du XIIIe siècle, l'adoption du chant grégorien dans la liturgie du monde catholique.

Puis selon les vœux du concile de Trente (1542-1563), le pape Clément VIII fit sortir en 1600 la première édition du cérémonial, dit cérémonial de Clément VIII dans lequel l'Église confirma solennellement, pour la première fois, que le chant grégorien est « le chant liturgique par excellence »

Le chant grégorien est considéré comme le sommet de la musique occidentale. « La musique sacrée, par son étroite union avec la liturgie et avec le texte liturgique, doit posséder au plus haut degré ces vertus : sainteté, vérité de l'art et universalité.» Cardinal Giuseppe Sarto (futur Pie X, Lettre pastorale sur le chant de l'Église ; le 1er mai 1895)

 Malgré l’immense expansion qui s’en suivit, il y eut peu de modifications apportées au chant grégorien. Ainsi, Dom Mocquereau s'aperçut qu'il n'y avait pas de différence entre un manuscrit d'Ivrée du XIe siècle et celui du XVIIe siècle dans la même région. Par contre, c'est à partir de ce XVIIe siècle que fut perdue l'uniformité du chant grégorien.

A l’origine, c’est l’Eglise qui créa les premières portées musicale ; le chant grégorien s'écrit alors selon une notation neumatique carrée sur des portées de 4 lignes ; les signes de la notation musicale qui étaient alors des neumes (du grec ancien νεῦμα / neûma « signe », altération de πνεῦμα / pneûma « esprit ») furent en usage à partir du IXe siècle et durant tout le Moyen Âge .

Guido d'Arezzo (995-1050), moine et musicien, contribua de façon notable au perfectionnement de l'écriture musicale, des clés et de la portée. Il créa le premier système d'écriture diastématique permettant d'indiquer les diverses hauteurs de notes à entonner. Guido d'Arezzo appelait son système tétragramme parce qu'il insérait des signes qui deviendront les notes modernes dans une grille constituée le plus souvent de quatre lignes parallèles avant la généralisation de la portée moderne à cinq lignes.