Période postconciliaire

Les papes et l’ensemble des membres de l’Eglise catholique ont su, avec beaucoup d’intelligence, de discernement et de sens de leur responsabilité inculturer la liturgie et la musique sacrée sans rien perdre de toute la richesse spirituelle, culturelle et artistique accumulée pendant toute son histoire.

Certes la priorité du chant grégorien a toujours été établie pour la célébration chantée en latin. A la suite du IIe concile du Vatican, avec l'usage des langues nationales, le chant grégorien fut normalement éliminé de la pratique liturgique paroissiale, sauf auprès d'un certain nombre d'églises autorisées.

À vrai dire, c'est le pape Paul VI lui-même qui reconnaissait paradoxalement l'ambigu de l'usage de la langue courante :

« Ce n'est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe. Pour quiconque connaît la beauté, la puissance du latin, son aptitude à exprimer les choses sacrées, ce sera certainement un grand sacrifice de le voir remplacé par la langue courante. Nous perdons la langue des siècles chrétiens, nous devenons comme des intrus et des profanes dans le domaine littéraire de l'expression sacrée. Nous perdons ainsi en grande partie cette admirable et incomparable richesse artistique et spirituelle qu'est le chant grégorien. Nous avons, certes, raison d'en éprouver des regrets et presque du désarroi ; par quoi allons-nous remplacer cette langue angélique ? C'est un sacrifice d'un prix inestimable. Pour quelle raison le faisons-nous ? Qu'est-ce qui vaut davantage que ces très hautes valeurs de notre Eglise? » Extrait d'un discours du pape Paul VI présentant le nouveau rite de la messe, le 26 novembre 1969

Il fallait s’adapter à cette situation. L'abbaye de Solesmes commença spontanément à éditer un nouveau Livre Liturgique Romain en 1975.

Il est à noter que les hommes politiques commencèrent à soutenir ce patrimoine culturel ; ainsi, des moines de Solesmes ont participé à la messe des obsèques de Georges Pompidou en avril 1974, selon sa volonté car il était un défenseur du chant grégorien. Puis, du 5 décembre 1980 au 15 janvier 1981 le ministère de la culture organisa une exposition Le Chant grégorien, Une tradition millénaire à la Chapelle de la Sorbonne.

Le 22 novembre 2003, le pape Jean-Paul II publia son chirographe (charte –partie) dans lequel il soulignait que « Le chant grégorien continue donc d'être aujourd'hui encore un élément d'unité de la liturgie romaine », en confirmant sa priorité dans les célébrations chantées en latin, attribuée par le concile.

Le pape Benoît XVI, publia, le 7 juillet 2007, le motu proprio Summorum Pontificum, qui signifie que l'on peut célébrer désormais la messe en utilisant le chant grégorien dans la forme ordinaire de la messe, comme auparavant, mais aussi dans la forme extraordinaire.

Le chant grégorien, aujourd’hui, a atteint le même niveau d’excellence que celui que les moines carolingiens exécutaient, soit un véritable trésor de liturgie chantée.

Dans les communautés paroissiales qui observent la forme de Paul VI, certaines parties de l’ordinaire de la messe sont parfois chantées en latin sur les airs traditionnels grégoriens, mélangés aux chants liturgiques en langue vernaculaire. Cet emploi, d'après la recommandation de Paul VI, est autorisé par la constitution sur la liturgie.

À la suite du Concile Vatican II et en dépit de nombreuses oppositions historiques, l'accompagnement de l'orgue est formellement autorisé de nos jours. Ainsi, même l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes utilise l'orgue pour ses célébrations les plus solennelles.

De nos jours, la création des chœurs est si dynamique qu'on en trouve actuellement dans toute l'Europe, même dans les pays où s'est éteinte la tradition de la liturgique catholique romaine. Récemment sont apparus des chœurs de femmes, comme dans la tradition de moniales. De même, de nombreux ensembles grégoriens comportent deux chœurs, un féminin et un masculin, selon la tradition vraiment ancienne, depuis le IVe siècle à Milan.

Au XXe siècle, aux côtés de la musique grégorienne, on trouve moins de grandes œuvres polyphoniques sacrées (requiem, messes, oratorios..) qu’au XIXe siècle mais les œuvres les plus remarquables ont été inspirées par la foi chrétienne.

Ainsi, quelques compositeurs de musique sacrée remarquables ont marqué leur siècle,

  • -comme Olivier Messiaen (1908-1992) ; inspiré par une profonde ferveur catholique, il a produit entre autres la Messe de Pentecôte, Saint François d'Assise, O Sacrum Convivium,

  • -comme Gilbert Amy (Missa com jubilo, Agnus Dei -extrait MP3), et Maurice Ohana (Messe - Prélude - extrait Real Audio) qui ont écrit chacun deux splendides messes en s'inspirant entre autres du plain-chant médiéval et

  • -comme Stravinsky (Requiem Canticles, Postlude (Real Audio)

À partir de 2000, l’un des éléments les plus innovants en ce domaine réside dans l’existence des groupes de pop louange à l’image de Glorious.

Glorious est un groupe chrétien français formé en 2000 à la suite des Journées Mondiales de la Jeunesse, par trois frères inspirés par leur foi catholique. Glorious compte, depuis 2000, onze albums studios publiés chez Rejoyce Musique : Glorious, Libre, Des ombres et des lumières, Génération louange, Citoyens des cieux, Électro pop louange, Messe de la grâce, Messe du Frat, Noël. Ils comptent aussi trois albums live, enregistrés au rassemblement le Frat devant 12 000 jeunes en 2011, 2013 et 2015 ainsi qu'un single Une vie pour une génération, chanson hommage au pape Jean-Paul II